Dimanche 3 Janvier 2021 et Mardi 5 Janvier 2021

Dimache 3 Janvier 2021

Déjeuné
avec Aziz Daddane chez moi. Je lui ai lu quelques extraits d’un « Eloge des Mathématiques » par le philosophe mathématicien Alain Badiou que j’ai commencé avant son arrivée. Un passage pour le mettre en appétit : « …la poésie est l’autre extrémité du langage. Parce que la poésie est ce qui fouille dans le langage pour le contraindre à nommer ce qu’antérieurement il n’arrivait pas à nommer. Et donc la poésie s’enfonce dans la langue maternelle, dans la singularité d’une langue. Mais à l’intérieur de cette singularité de la langue, elle va se livrer à des opérations de dénomination, de transposition, de comparaison métaphorique, etc., d’une amplitude telle qu’en fin de compte elle touche aussi quelque chose d’universel. On peut dire que le poème exagère la singularité de la langue jusqu’à sa limite, jusqu’au hors- langue. Alors que les mathématiques procèdent d’emblée à l’extérieur de la singularité des langues. Deux chemins contrastants, mais tous deux en direction du réel, de l’universalité ».
Vu Ahmed et mes petits enfants, Aïcha et Slimane, venus chercher Omar, leur grand frère, qui est chez moi en ce moment. Aïcha, qui a onze ou douze ans, veut jouer aux échecs avec lui. Elle est en train de faire de grands progrès. Nous avons parlé de livres. Aziz et Ahmed disputent d’un livre à succès écrit par un auteur Egyptien. Ahmed parle d’un autre livre, celui d’un Anglais d’origine Indienne, Tahir Shah, qui vit à Casablanca, « La Maison du Calife », d’une façon telle qu’il me donne envie de le lire. Il promet de me le prêter.
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Mardi 5 Janvier 2021

Regardé
deux films : «The Coldest War » (Jeu d’échecs et crise des missiles à Cuba) qui me ramène au début des années soixante. Puis « Jadotville » qui met en scène les évènements du Congo avec la sécession du Katanga à la même période. La première et seule manifestation d’élèves à laquelle j’ai participé fut celle qui eut lieu à Casablanca suite à l’assassinat de Patrice Lumumba en janvier 1961. J’étais au Lycée Moulay Hassan. Nous avons scandé tout le long du chemin « Patrice Lumumba, Patrice Lumumba… » en défilant de Derb Soltane jusqu’au Consulat Belge encadrés par les forces de l’ordre qui nous ont laissé nous égosiller sans intervenir.
Contemplé de ma fenêtre les arbres, des eucalyptus et des mimosas, dont les branches entrelacées sont fortement secouées par le vent. Le ciel est gris et la pluie tombe à verse. Je reste ainsi de longues minutes à méditer. Je ne sais pas si c’est bien ou non. Je me laisser flotter sur le vide, c’est tout.

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