Dimanche 24 Janvier 2021

Regardé CNN où les témoignages défilent à propos de Larry King, l’icône des Talk show américains qui est décédé. « Larry King Live » a pendant vingt – cinq ans fait les beaux jours de cette chaîne qui lui doit, en partie, sa notoriété. Il a pratiqué l’art de l’interview comme personne. A l’écoute, tout en sachant quand intervenir, curieux au possible, sans être à aucun moment agressif, inspirant confiance à tous ceux qu’il avait en face de lui, il a profondément marqué les médias globaux. Quand il m’arrive de regarder parfois des émissions du même genre sur certaines chaînes, je ne peux manquer de voir la distance, pour ce qui est des Talk Shows, qui sépare le journalisme des palabres et celui de la pédagogie et de la curiosité pour comprendre et expliquer. L’interview est un exercice difficile. En la matière, il faut un art consommé pour poser la bonne question, repérer les points nodaux, faire dire à l’interviewé davantage que des mots convenus, le pousser dans ses retranchements les plus profonds, en somme lui tirer du nez la substantifique moelle de ce qu’il pense réellement et de qui il est. Comment y arriver ? Comment amener les questions principales que l’on a à l’esprit sans effaroucher, sans inquiéter, sans tricher, pour mettre en confiance ?  Il s’agit d’obtenir de l’interlocuteur qu’il ne réagisse pas de façon épidermique ou qu’il se réfugie dans les multiples tactiques d’évitement dont il peut disposer et qu’il ne perde pas pied au risque de ne rien dire de significatif ou qu’il le dise de façon confuse et insaisissable. Larry King maîtrisait cet art comme nul autre qui, recevant présidents, stars, savants, athlètes et autres célébrités, les bousculaient avec subtilité, le sourire en prime, et les amenaient à lui  livrer d’intimes confidences. L’art de la question pertinente se cultive avec l’expérience et le travail sur le sujet, mais aussi avec le travail sur soi. Le journaliste se fait alors accoucheur et se livre à cet exercice séculaire de la pensée vivante et vivifiante, celle du pédagogue et de l’élève confondus qui se pose et pose dès lors les bonnes questions. Socrate, le premier, a pratiqué la maïeutique qui n’est pas loin de ce que doit être une interview bien menée. Dans le « Théétète », il l’explique : « Mon art de maïeutique a les mêmes attributions générales que celui des sages-femmes. La différence est qu’il délivre les hommes et non les femmes et que c’est les âmes qu’il surveille en leur travail d’enfantement, non point les corps ». L’interview est une partie à deux qui suppose complicité et écoute réciproque. Il faut que l’un et l’autre soient à la hauteur, que l’interrogation la plus anodine serve à l’interviewé à rebondir, qu’il sache trouver les mots justes pour traduire sa pensée de façon précise avec tous les tons et les nuances nécessaires. Encore y faut-il aussi, deux conditions. D’abord que le journaliste  ne soit pas à la solde du pouvoir politique ou celui de l’argent. Ensuite qu’il soit d’une exigence éthique vis – à – vis de lui – même sans concession. Il est aisé de constater que l’une et l’autre conditions ne sont pas toujours au rendez – vous. Alors, faut-il désespérer du journalisme ? je ne sais trop, mais ce que je sais de savoir certain, c’est qu’il faut demeurer vigilant pour ne pas prendre les vessies de la manipulation pour les lanternes de la vérité.

Ecouté, en rangeant le contenu de mon ordinateur,  Jamila Lakhiry qui chante la version en Anglais de mon poème «Roule, roule ô mon désir» lors d la première édition de « Come To My Home » à Casablanca en 2012  (cliquer sur l’icône ci-contre pour écouter).

 

Flash back 

Dimanche 16 Août 2020:

Vu ma fille Meryem qui est venue, comme tous les jours depuis qu’elle habite à côté, me rendre visite. Elle est écrivaine. Son premier roman « La Vérité Sort de la Bouche du Cheval » a eu beaucoup de succès. Sa maman, paix à son âme, aurait été très fière de sa fille.  Je le suis aussi non seulement parce que tout parent est naturellement fier de sa progéniture, mais sa liberté de ton et sa finesse d’observation sans concession du réel m’ont confirmé dans la conviction que le fait de mettre un livre entre les mains d’un enfant, ce que mon père a fait pour moi et ce que j’ai fait pour mes enfants, est une voie royale de l’éducation.

Regardé CNN qui continue d’informer sur le (ou la) COVID 19 aux Etats – Unis, sur les prochaines élections présidentielles et sur les altercations interminables qui mettent aux prises Trump, les Républicains et les Démocrates. Farid Zakaria, un des talentueux chroniqueurs de la chaîne  présente : « Washington fiddles while America burns » (Washington s’amuse pendant que l’Amérique brule). Zakaria interview Bruce Feiler « Life is in the transitions » ( La vie est dans les transitions). Ce dernier explique: « Linear life is dead » (La vie linéaire est morte) et « How to navigate pandemix & other « lifequakes »  (Comment traverser les pandémies et autres « tremblements de terre de la vie »). Ce qui se passe aux USA est d’une importance cruciale pour le reste du monde. Beaucoup de décisions prises à Washington impactent directement ou indirectement nos sociétés et nos vies. Suivre ce qui s’y passe est de première importance. Voilà pourquoi je regarde cette chaîne de télévision. 

Lu ce passage du livre d’André Tardieu « La Conférence d’Algésiras », publié en 1907 que je fréquente actuellement : « Quant aux Marocains, ils ne pouvaient cacher à leurs intimes, la désillusion qu’ils ressentaient de voir sanctionner par l’Europe ce programmes français de réformes dont l’Allemagne leur avait promis de les préserver. Ils avaient cru que les rivalités des puissances leur permettrait d’échapper à tout changement, à tout contrôle. Changement et contrôle désormais l’objet d’un accord international ». Il s’agit ici, quand l’auteur parle des Marocains, des délégués du Maghzen à la Conférence qui s’est conclue par la mise en veilleuse momentanée des rivalités Franco – Germaniques et la quasi mise sous tutelle du Maroc. Ce qu’on appelait alors « la crise marocaine » a été une des causes indirectes de la Première Guerre mondiale. Ainsi se poursuivait le projet de mainmise sur ce que les puissances appelaient alors « L’Empire Fortuné ».

Regardé la série de Science – Fiction « Travelers » (Les Voyageurs du Temps). Palpitante, vu la manière dont les paradoxes du temps sont traités et la personnalité des différents protagonistes approchée. Je zappe ensuite pendant quelques moments, zapping qui m’entraine dans son sillage, à travers les télévisions du  monde, en même temps que sur les chaînes locales, dans un voyage tourbillonnant. J’aime faire cela, de temps à autre, pour avoir une idée diversifiée de ce qui se passe. Il y aurait des centaines de pages à écrire en comparant toutes ces chaînes de télévision, fondamentalement semblables pour la plupart et pourtant formellement différentes en même temps. 

Pensé avec nostalgie et tendresse à ma grand – mère maternelle, épouse de mon grand – père, Mohammed Belarbi Alaoui, dont elle a partagé avec patience et stoïcisme les démêlés avec les autorités du protectorat et sa vie engagée pendant les premières années d’indépendance. Puis, par ce processus surprenant qu’affectionnent nos mémoires, je me mets à penser également que nous sommes tous les chaînons de longues lignées, du côté paternel comme du côté maternel, dont la source est commune pour tous. Nous l’oublions souvent.

Reçu une foule d’informations locales et internationales via médias sociaux et sites d’information. Je n’ouvre jamais ce qui relaie le trash et contribue à nourrir nos instincts les moins nobles. Je les supprime impitoyablement et ne m’en porte que mieux.

Poursuivi la rédaction des « Sentiers qui bifurquent », titre de mes « Mémoires ».

Joué aux échecs sur un site dédié que je fréquente assez régulièrement depuis que le Corona      (Ici il n’y a pas d’hésitation entre « le » et « la ») a modifié nos habitudes. 

Marché, exercice quotidien,  à la maison en allant et venant entre ma chambre et le salon pendant quarante – cinq minutes.

 
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